« Je crois possible d'établir une liste de caractéristiques typiques de ce que j'appelle l'Ur-fascisme, c'est-à-dire le fascisme primitif et éternel.
L'Ur-fascisme est toujours autour de nous, parfois en civil.
Ce serait tellement plus confortable si quelqu'un s'avançait sur la scène du monde pour dire « Je veux rouvrir Auschwitz... » Hélas, la vie n'est pas aussi simple.
L'Ur fascisme est susceptible de revenir sous les apparences les plus innocentes.
Notre devoir est de le démasquer, de montrer du doigt chacune de ses nouvelles formes - chaque jour, dans chaque partie du monde. » Umberto Eco L'auteur mêle ici souvenirs personnels de sa jeunesse sous le fascisme et analyse structurelle des 14 archétypes du fascisme primitif et éternel qui sont :
Le culte de la tradition / le refus du modernisme / le culte de l'action pour l'action / l'incapacité à accepter la critique / l'exploitation de la peur de la différence / l'appel aux classes moyennes frustrées et défavorisées / l'obsession du complot, si possible international / l'obsession de la richesse ostentatoire et de la force de l'ennemi / la vision du pacifisme comme collusion avec l'ennemi / le mépris pour les faibles / le culte de l'héroïsme étroitement lié au culte de la mort / le machisme / le populisme qualitatif consistant à remettre en cause la légitimité du parlement / l'utilisation d'une novlangue.
EN LIBRAIRIE LE 19 AVRIL
Qu'est ce qui a changé dans nos pays depuis 1950 ? L'espérance de vie a augmenté de 20 à 30 ans, l'équivalent du total d'une existence au XVII° siècle. Passé la cinquantaine, l'animal humain connaît une sorte de suspension : plus tout à fait jeune, pas vraiment vieux, en apesanteur. C'est un sursis qui laisse la vie ouverte comme une porte battante. Formidable avancée qui bouleverse tout : les rapports entre générations, la question affective et familiale, le sens même de notre destin. Ce sursis est à la fois passionnant et angoissant. Il faut remplir cette moisson de jours supplémentaires. Les échéances raccourcissent, les possibles s'amenuisent mais il y a encore de la découverte, des surprises, des amours bouleversantes. Le temps est devenu un allié paradoxal : au lieu de nous tuer, il nous porte.Que faire de ce cadeau ambigu ? S'agit-il seulement de vivre plus longtemps ou plus intensément ? De recommencer ou de bifurquer ? Qu'en est-il du remariage, d'une nouvelle carrière ? Comment éviter la fatigue d'être, la mélancolie des crépuscules, comment traverser de grandes joies et de grandes douleurs ? Nourri à la fois de réflexions et de statistiques factuelles, puisant aux sources de la littérature, des arts comme de l'histoire, ce livre propose une philosophie de la longévité fondée non sur la résignation mais sur la résolution. En somme, un art de vivre cette vie en plus. N'y a-t-il pas une joie profonde à être encore vivants à l'âge ou nos ancêtres avaient déjà un pied dans la tombe ?
Notre attitude à l'égard des animaux est-elle correcte d'un point de vue éthique ? faut-il étendre aux "bêtes sauvages" la protection juridique (relative) que nous accordons aux animaux de compagnie ? l'évaluation morale de la souffrance des êtres vivants soulève de vraies questions philosophiques. aux etats-unis et en allemagne, comme dans le reste du monde anglo-saxon, le livre de peter singer n'a cessé de susciter analyses et débats passionnés. au centre de tous les colloques universitaires sur le droit des êtres non humains, il est aussi la référence obligée du "mouvement de la libération animale".
Le nouveau corps confie au sport son souffle, son coeur, sa sueur et ne travaille presque plus de force mais sur des codes ; sanitaire et aseptique, rectifié par les remèdes et la prédiction médicale, il repousse la mort de trente ans et l'antique souffrance quasi définitivement ; diététique, grignotant des calories du bout des dents, il absorbe ce que ses pères n'auraient pas reconnu pour nourriture ni pour breuvage ; nu et libre sur les plages mixtes, le nouveau corps sexuel se reproduit peu et artificiellement parfois ; toutes nouveautés contrebalancées par les squelettes ravagés d'épidémies sans recours, se multipliant et mourant par millions vers l'hémisphère Sud, livrés à toutes les horreurs dont nous nous délivrons ; comment ces corps si vite changés en moins d'un demi-siècle habiteraient-ils le même monde, sentiraient-ils par les mêmes sens, logeraient-ils la même âme ou une semblable langue que l'ancienne chair accablée de poids et de nécessités, malade, sale, affamée ou repue, verbeuse, soumise au labeur et non à l'exercice, à la morale plus qu'à la médecine, dont la philosophie de nos pères a parlé ?
On savait, depuis La Violence et le Sacré, que toute société humaine est fondée sur la violence, mais une violence tenue à distance et comme transfigurée dans l´ordre du sacré.
Dans ce nouveau livre, René Girard applique cette intuition originaire au grand recueil mythique de la mémoire occidentale, c´est-à-dire à la Bible qui est tout entière, selon lui, le cheminement inouï vers le Dieu non violent de notre civilisation. Il s´ensuit une relecture critique et proprement révolutionnaire du texte évangélique qui apparaît du coup comme un grand texte anthropologique, le seul à révéler pleinement le mécanisme victimaire. Il s´ensuit aussi la fondation d´une nouvelle psychologie fondée sur un mécanisme simple et universel que Girard appelle la « mimésis » et qui permet de faire le partage entre les processus d´appropriation, générateurs de violence, et les antagonismes, producteurs de sacré. Chemin faisant, on assiste à de magistrales analyses comparatives de Proust et de Dostoïevski, de Freud et de Sophocle, à la lumière de cette notion nouvelle et qui se révèle particulièrement féconde de « désir mimétique ».
René Girard, cette fois, approche du but, de cette anthropologie générale qui est, de son propre aveu, le projet ultime de son oeuvre : c´est pourquoi il nous donne là peut-être un des livres clés pour comprendre les mystères de notre monde et de ses plus lointaines, de ses plus archaïques généalogies.
Michel Onfray, cohérent avec lui-même, s'en prend ici à une religion qui, bien plus que les monothéismes qu'il pourfendait dans son Traité d'athéologie, semble avoir encore de beaux jours devant elle. Cette religion, c'est la psychanalyse - et, plus particulièrement, le freudisme.
Son idée est simple, radicale, brutale : Freud a voulu bâtir une " science ", et il n'y est pas parvenu. Il a voulu " prouver " que l'inconscient avait ses lois, sa logique intrinsèque, ses protocoles expérimentaux - mais, hélas, il a un peu (beaucoup ?) menti pour se parer des emblèmes de la scientificité. Cela méritait bien une contre-expertise. Tel est l'objet de ce travail.
Avec rigueur, avec une patience d'archiviste, Michel Onfray a donc repris, depuis le début, les textes sacrés de cette nouvelle église. Et, sans redouter l'opprobre qu'il suscitera, les confronte aux témoignages, aux contradictions, aux correspondances. A l'arrivée, le bilan est terrible : la psychanalyse, selon Onfray, ne serait qu'une dépendance de la psychologie, de la littérature, de la philosophie - mais, en aucun cas, la science " dure " à laquelle aspirait son fondateur.
On sera, devant une telle somme, un peu médusé : Freud n'en ressort pas à son avantage. Et encore moins sa postérité - qui aura beau jeu de prétendre que si Michel Onfray conteste si violemment la religiosité en vogue chez les archéologues de l'inconscient, ce serait précisément parce qu'il craindrait de contempler le sien. Une " ouverture " biographique, semblable à celle qui précède chacun de ces essais, devance cette objection en racontant comment et pourquoi Michel Onfray a découvert - en vain - cette " science de l'âme " qui n'en est pas une.
« grandir, vieillir ; mais également l'indifférence qui se creuse, jour après jour, entre les anciens amants, sans même qu'ils s'en aperçoivent ; comme aussi les révolutions se renversant, sans crier gare, en privilèges, ou bien le réchauffement de la planète : autant de modifications qui ne cessent de se produire ouvertement devant nous, mais si continûment et de façon globale, de sorte qu'on ne les perçoit pas. mais on en constate soudain le résultat - qui nous revient en plein visage. or si cette transformation continue nous échappe, c'est sans doute que l'outil de la philosophie grecque, pensant en termes de formes déterminées, échouait à capter cette indéterminable de la transition. de là l'intérêt à passer par la pensée chinoise pour prêter attention à ce même : celui de « transformations silencieuses » qui, sous le sonore de l'événement, rendent compte de la fluidité de la vie et éclairent les maturations de l'histoire tout autant que de la nature. de notion descriptive, on pourra alors en faire un concept de la conduite, stratégique comme aussi politique: face à la pensée du but et du plan, qui a tant obsédé l'occident, s'y découvre l'art d'infléchir les situations sans alerter, d'autant plus efficace qu'il est discret. » françois jullien
Il s'agit d'un volume original, composé de deux cours professés en Sorbonne par Emmanuel Levinas, entre 1975 et 1976. L'un a pour titre {la Mort et le temps}, l'autre s'intitulait lorsqu'il fut prononcé : {Dieu et la philosophie}. Les deux textes ont été établis par Jacques Rolland, un jeune philosophe proche de Levinas, puis revus et corrigés par Levinas lui-même. {La Mort et le temps} : le philosophe dialogue et débat avec Heidegger et Bloch, mais aussi avec quelques-uns des grands maîtres de la tradition, Aristote, Hegel et Kant notamment. {Dieu et la philosophie} : comment nommer Dieu ? Comment énoncer le concept ? Comment le formuler ? Levinas examine les diverses conceptions que nous avons de la divinité.
NUMÉRO SPÉCIAL : CONNAÎTRE L'UKRAINE.
Les médias du monde entier parlent de l'Ukraine. Mais sa diversité culturelle, son histoire et sa métaphysique demeurent méconnues. Sept ans après la parution du numéro 57 (Ukraine, une terra incognita en Europe), Galia Ackerman livre ici un dossier qui permet d'appréhender la réalité, plurielle et cohérente, singulière et rattachée à l'universel, de ce pays auquel la Russie de Vladimir Poutine dénie son identité et même son droit à l'existence.
Comment, à travers les siècles, l'Ukraine s'est-elle édifiée en affirmant son identité européenne ? Il s'agira, en présentant les moments clés de son histoire, de revenir sur la période lituano-polonaise, sur la démocratie militaire des États cosaques, sur l'asservissement sous l'Empire russe ; sur les tentatives ukrainiennes de créer un État indépendant dès la fin du tsarisme, sur la destruction systématique de la langue et la culture ukrainiennes sous le régime communiste, sur la renaissance des trente années de l'indépendance.
Quelles sont les personnalités auxquelles l'Ukraine doit son destin ? Qui sont les historiens, les politiques, les poètes et prosateurs, les philosophes et les juristes, les artistes et les théologiens qui, de Mykhaïlo Hrouchevski à Piotr Mohyla en passant par Taras Chevtchenko, Lina Kostenko ou encore Viatcheslav Tchornovil, façonnèrent le destin de l'Ukraine ?
Semblable à une encyclopédie qui ne dirait pas son nom, où chaque récit sera vivant et livrera des renseignements sous une forme accessible et intéressante, ce numéro inédit espérera combler les lacunes du public français à propos de l'Ukraine.
Dans cette Contre Histoire de la philosophie, Michel Onfray se propose d'examiner en six volumes vingt-cinq siècles de philosophie oubliée. Les manuels, les histoires, les encyclopédies, les travaux universitaires, les programmes scolaires, les colloques, les éditions, les traductions évitent soigneusement cet immense continent de la philosophie. Voilà pourquoi nous ne connaissons de cette discipline que ses protagonistes les plus austères et les moins drôles. Pour quelles raisons ?
Parce que l'histoire de la philosophie est écrite par les vainqueurs d'un combat qui, en gros, opposa idéalistes et matérialistes. Avec le christianisme, les premiers accèdent au pouvoir intellectuel pour vingt siècles. Dès lors, ils favorisent les penseurs qui travaillent dans leur sens et effacent consciencieusement toute trace de philosophie alternative. D'où une occultation des matérialistes, des cyniques, des cyrénaïques, des épicuriens, des gnostiques licencieux, des frères et soeurs du Libre Esprit, des libertins baroques, des ultras des Lumières, des utilitaristes anglo-saxons, des socialistes dionysiens, des nietzschéens de gauche et autres continents peuplés de furieux personnages. Cette Contre histoire en raconte l'aventure.
Le point commun de tous ces individus ? Leur goût d'une sagesse praticable, d'un vocabulaire clair, d'un exposé limpide, d'une théorie à même de produire une vie philosophique. A la manière des sages antiques, tous tournent le dos au langage obscur, à la philosophie pour philosophes, aux discussions de spécialistes, aux sujets professionnels pour faire de la philosophie un art de vivre - de bien vivre, de mieux vivre.
Ces six volumes ramassent sept années du travail effectué par Michel Onfray pour nourrir son séminaire de philosophie hédoniste à l'Université Populaire de Caen créée par ses soins en 2002. Ces textes servent de support à ses improvisions effectuées chaque mardi soir devant plus de cinq cents personnes. Ses cours sont diffusés par France Culture depuis trois années et édités en coffrets de douze CD audio par Frémeaux, avec France Culture et Grasset. Les trois coffrets parus (sur douze prévus) ont déjà permis en moins de deux ans la vente de plus de 150.000 disques TABLES DES SIX VOLUMES DE LA CONTRE HISTOIRE DE LA PHILOSOPHIE Tome 1 :
L'archipel pré chrétien.
De Leucippe à Diogène d'Oenanda (VI° av. II° ap.).
Suite à une conversation dans un taxi new-yorkais avec un chauffeur pakistanais qui ne comprend pas qu'un pays puisse exister sans ennemis, Umberto Eco s'interroge. Après avoir constaté les ravages d'idéologies totalitaires telles que le nazisme ou le fascisme, la société actuelle ressent-elle la nécessité de se définir par rapport à un ennemi et de le diaboliser ? Les Etats renonceraient-ils, aujourd'hui, à l'opportunité de créer de nouveaux boucs émissaires pour renforcer le sentiment d'identité nationale et leur pouvoir ?
Puis, à l'occasion de conférences ou d'essais à thèmes qui amusent autant celui qui parle que celui qui écoute, et qui sont, en somme, des exercices de rhétorique baroque, l'auteur aborde avec jubilation des sujets variés : l'idée de l'absolu, la tragédie d'Anna Karenine, la poétique de l'excès chez Victor Hugo, les divertissements inspirés par les almanachs, « Parlez-moi d'amour », etc.
Le grand érudit qu'est Umberto Eco traite dans ces « écrits occasionnels » de questions qui l'intriguent et le passionnent, sans jamais oublier d'amuser son lecteur.
Dans ce livre à la fois original et rigoureux, Tristan Garcia entreprend de rendre lisible la condition brouillée de notre « nous » ou de nos « nous ». Ces affirmations de nous-mêmes paraissent désormais correspondre à différents plans identitaires, sur lesquels nous revendiquons successivement notre appartenance à une ethnie, à une communauté de croyance, à une classe sociale ou professionnelle, à une orientation sexuelle, à une génération, sans savoir comment nous représenter le « nous des nous », dont nous relevons tous en définitive.
En ayant recours à toutes sortes de documents qui nous renseignent sur ce que nous appelons « nous », pamphlets, manifestes, journaux, textes théoriques ou chansons, l'auteur donne à entendre les mille voix qui ont prétendu parler au nom de nous: « nous les jeunes », « nous noirs », « nous blancs », « nous juifs », « nous musulmans », « nous femmes », « nous prolétaires », « nous décolonisés », « nous communistes », « nous homosexuels », « nous animaux et humains »... Tristan Garcia se montre attentif à toutes les traditions, et suspend tout jugement moral sur les contenus politiques, pour s'intéresser à la constitution d'une subjectivité politique: la détermination d'un « nous », d'un « vous », d'un « eux », le tracé de lignes entre amis et ennemis, la formation de solidarités et le creusement de fossés entre les camps.
Désireux de comprendre ces phénomènes plutôt que de s'en réjouir ou de les déplorer, Nous est ainsi un premier essai de vision d'ensemble de la fragmentation et de la recomposition des identités collectives. Il examine les modèles qui se sont succédés, pour mieux tenter de rendre compte de cette déconstruction, avant de proposer de reconstruire une idée et une image de ce que nous appelons « nous », qui que nous soyons.
Le livre donne ainsi très concrètement à voir le « nous » comme une superposition de calques, de plans transparents de notre imaginaire, sur lesquels nous prétendons tous découper l'espace social et nous y situer. Démontrant que ces calques de l'identité collective ont perdu leur fond, en se trouvant désolidarisés d'une nature sous-jacente, ce livre cherche à nos identités d'autres contraintes, qu'il trouve dans une dynamique d'extension et de contraction, et dans l'histoire de la domination et de la contre-domination.
Ce qui en ressort est un modèle inédit, vivant, de ce que nous sommes, de « nous », en tant que forme souple, s'étendant et se repliant sans cesse suivant une logique qu'il révèle peu à peu, au fil d'un récit construit comme une enquête palpitante. C'est aussi une tentative radicale de trouver dans la « guerre de nous contre nous » une forme universelle de subjectivité qui nous tient toujours ensemble, au moment précis où elle paraît nous déchirer.
Pour en finir avec la monogamie, la fidélité, la procréation, la famille, le mariage et la cohabitation associés, Michel Onfray redéfinit le désir comme excès, le plaisir comme dépense, et invite à une théorie du contrat appuyée sur la seule volonté de deux libertés célibataires. Comme le modèle chrétien qui préside toujours à la définition de la relation entre les sexes, il propose une relecture des philosophes matérialistes et sensualistes de l'antiquité gréco-romaine.
Michel Onfray oppose l'idéal ascétique pythagoricien, juif, platonicien et chrétien - qui suppose la misogynie, la haine du désir et des plaisirs, la condamnation de la chair, le mépris du corps, le pouvoir absolu du mâle - à l'idéal hédoniste cyrénaïque, cynique, épicurien, le célibat joyeux et l'égalité libertine des hommes et des femmes.
Contre la vie mutilée, ce livre invite à une érotique solaire entièrement indexée sur ses pulsions de vie et refuse radicalement les pulsions de mort. Il propose de répondre à la question : comment rester libre dans la relation amoureuse ? et, pour ce faire, invite à déchristianiser l'éthique, à réaliser un féminisme libertin, à promouvoir un éros léger, ludique et à formuler une physiologie des passions qui permette un art de rester soi dans le rapport à autrui.
Michel Onfray est né en 1959, il a écrit quinze livres dans lesquels il formule un projet hédoniste moral, La sculpture de soi (Prix Médicis de l'essai, 1993), politique, Politique du rebelle (1997) et de vie quotidienne, Le désir d'être un volcan (1996) et Les vertus de la foudre (1998) - les deux premiers tomes d'un journal hédoniste dont le troisième s'intitule L'archipel des comètes (à paraître en 2000).
« L'argent est une promesse qui cherche une sagesse. L'expression doit s'entendre au double sens : il est sage d'avoir de l'argent, il est sage de s'interroger sur lui. Il rend tout homme philosophe malgré lui : bien penser, c'est aussi apprendre à bien dépenser, pour soi et pour autrui. Avec l'argent, nul n'est à l'aise : ceux qui croient le détester l'idolâtrent en secret. Ceux qui l'idolâtrent le surestiment. Ceux qui feignent de le mépriser se mentent à eux-mêmes. Engouement problématique, réprobation impossible. Telle est la difficulté. Mais si la sagesse ne consiste pas à s'attaquer à cela même qui paraît à tous le symbole de la folie, à quoi bon la philosophie ? » P.B.
Le siècle dit « des Lumières » ne pouvait échapper à la contre-expertise de l'hédoniste Michel Onfray. Les Lumières officielles semblent bien palichonnes au regard du radicalisme de certains philosophes trop négligés. Ainsi, tandis que Voltaire veut « écraser l'infâme » et tandis que Rousseau les fustige également, se formule une pensée hédoniste, athée, matérialiste, révolutionnaire mais pas comme l'historiographie marxiste, elle aussi ici déconstruite, l'a prétendu. Ce courant de pensée génère beaucoup moins le marxisme qu'on l'a dit, mais une sensibilité jamais nommée : l « utilitarisme français ». Une fois passée la Manche au siècle suivant, cette façon de penser, radicalement opposée à Kant, donnera la philosophie anglo-saxonne avec sa spécificité qui la distingue tant de la pensée continentale. Meslier, La Mettrie, Maupertuis, Helvétius, D Holbach incarnent cette sensibilité pendant que Sade est lu par Onfray comme ce qu'il est : un penseur féodal, délinquant relationnel, contre-révolutionnaire et précurseur du fascisme (voir la lecture des Cent vingt journées de Sodome), et non le grand libérateur qu'on se plait habituellement à dire La Contre-Histoire comptera, au final, 6 volumes. Les titres à venir seront : Tome 5 : « L'eudemonisme social » Tome 6 : « Les radicalités existentielles »
« Je ne voudrais pas qu'on prenne ce livre pour un simple essai d'esthétique. Cette jouissance m'est étrangère. L'art ne m'intéresse en effet que dans la mesure où il intensifie l'angoisse de l'époque. Ainsi seulement, il accomplit sa fonction qui est de révéler.
« Le présent ouvrage rassemble huit essais, qui s'échelonnent du début des années 1950 à la fin des années 1980. Les cinq premiers témoignent des questions qui étaient les miennes au moment où je quittai l'Europe, lecteur passionné de Saint-John Perse et de Malraux. Les autres articles suivent le fil de mes réflexions sur l'histoire du roman bientôt achevée, et qui n'allait faire qu'un pour moi avec celle du désir. L'hypothèse mimétique apparaît dans ma critique de Valéry, auquel je préfère très vite Stendhal. Déterminante dans ces années de formation, la question du pseudo-narcissisme oriente alors ma critique de l'illusion d'autonomie, que des articles plus tardifs sur Freud et Proust, puis sur Nietzsche et Wagner, continueront de creuser. Ces études figurent avant le texte d'une conférence sur Wagner donnée en 1983... »RG Ces brillants « exercices d'admiration traversés par la recherche de la vérité », tels que René Girard les qualifie, donnent à lire l'évolution des questionnements de l'écrivain-anthropologue, de la genèse de sa théorie mimétique aux plus récentes formulations de sa pensée apocalyptique, depuis toujours contenue dans sa conception du désir. Voici enfin l'édition définitive de cet ouvrage essentiel, paru initialement en 2008, augmenté d'une préface inédite de Benoît Chantre et Trevor Cribben Merrill.
Le XIXè siècle a été celui des Masses, des Individus et des Grands Hommes. L´eudémonisme social (tome 5 de cette « Contre-histoire de la philosophie »), et Les radicalités existentielles (son tome 6), retraçaient respectivement l´histoire philosophique des Masses et des Individus. Ce troisième volet consacré intitulé La construction du surhomme, raconte le rôle tenu par le Grand Homme et son aspiration à la Vie Sublime dans ce siècle.Tuberculeux dopé au stoïcisme, Jean-Marie Guyau (1854-1888) développe une philosophie vitaliste comme une machine de guerre contre la morale kantienne. Ce malade défend le don, la générosité, le risque, la dépense, l´action dans une oeuvre qui pourrait faire de lui un Nietzsche français. Penseur du républicanisme, il formule un hygiénisme, un racialisme, un natalisme, dangereusement parents de l´idéologie de Vichy à venir. Il défend enfin une immortalité panthéiste et stellaire obtenue par les traces de l´amour quand il a été fort.La figure ontologique du « Surhomme » de Nietzsche (1844-1900) n´est pas sans relation avec cette étrange métaphysique que le philo-sophe allemand connaissait. Nietzsche commence avec Schopenhauer et Wagner, continue avec un long moment épicurien et termine avec l´éloge d´un « Surhomme » ultra-caricaturé. Or, celui-ci nomme l´individu ayant compris que la volonté de puissance a les pleins pouvoirs, qu´il faut vouloir cette volonté qui nous veut, puis l´aimer pour accéder à une jubilation suprême. Une technique de sagesse à la portée de tous.
NUMÉRO SPÉCIAL : AVEC L'UKRAINE, PLUS QUE JAMAIS.
Six ans seulement après son entrée dans l'aventure européenne et la démocratie, l'Ukraine est confrontée à la pire épreuve qu'une nation puisse connaître : l'invasion de son territoire, le meurtre de ses civils par un impérialisme en mal de grandeur qui, par-dessus tout, déteste la liberté.
De quel cataclysme géo-historique cette guerre est-elle le nom ?
Côté russe, comment en sommes-nous arrivés là ? Quelles ont été les illusions, les compromissions, les petitesses face à Vladimir Poutine ? Comment ce dernier a-t-il, année après année, habilement joué des faiblesses de l'Occident ? Comment, pourtant, s'éveille, au sein même de l'opinion russe, une ferme opposition à l'autoritarisme et à la guerre ? Et comment, désormais, résister au Kremlin sans tomber sans ses pièges ?
Côté ukrainien, quel a été et quel sera le destin du Maïdan ? Comment le peuple a-t-il construit une démocratie sans céder à la crainte des menaces extérieures ? Par quel étonnant processus un comédien s'est-il mué en président-courage ? Comment les civils ont-ils vécu, au jour le jour, l'invasion russe ? Comment s'y opposent-ils ?
Engagée depuis 2014 pour la cause ukrainienne, La Règle du jeu lui consacre ici un numéro inédit. Entre témoignages et analyses, des intellectuels ukrainiens, français et américains s'expriment pour penser cette guerre. Avec l'Ukraine, pour l'Europe, vers la démocratie.
Que voudrait-il, le citoyen d'aujourd'hui ? La liberté, mais sans le fardeau de la responsabilité. En s'attaquant à cette maladie de l'individualisme qui consiste à vouloir échapper aux conséquences de ses actes, Pascal Bruckner peint en premier lieu l'homme sous les traits du citoyen-nourrisson ; avec les gaietés factices de la logique du divertissement, il retombe en enfance. Dur d'être un adulte ! Une autre stratégie de l'irresponsabilité consiste à se lamenter sur son sort. Voici, au choix, les rapports des hommes et des femmes sur le modèle de la guerre des minorités, le juridisme qui découvre l'opprimé sous le plaignant, la propagande serbe qui érige le bourreau en martyr, le culte du maudit dans le confort. Et l'idéologie caritative, présente partout, n'est-elle pas le dernier secours, le baiser de la mort, qu'on apporte à la chère victime ? Serait-ce le supermarché des larmes ? Et serions-nous des imposteurs, à geindre en permanence quand d'autres souffrent ?
À l'origine de ce dossier, une pluie de questions doublées d'une d'inquiétude : quel avenir le XXIe siècle réserve-t-il à l'expérience de la lecture ? Pourquoi les jeunes s'adonnent-ils de moins en moins à cette activité ? À quelles métamorphoses l'objet-livre se voit-il aujourd'hui confronté ? Ce dernier sortira-t-il indemne du tournant numérique ? Pour détourner le fameux mot de Hugo, le monde des écrans tuera-t-il celui des librairies et des bibliothèques ? L'époque contemporaine, à l'inverse, donnera-t-elle naissance à de nouvelles pratiques de lecture ? Si oui, lesquelles ?
Quelle est la différence l'acte de feuilleter un ouvrage imprimé et celui de consulter un e-book ? Les livres audio font-ils de l'ombre à la voix de leur auteur ? Quelle est la part du plaisir et du travail, de la mémoire et du loisir quand on se plonge dans la découverte d'un texte ? La lecture est-elle un dialogue silencieux ? Une démarche passive ? Une véritable entreprise de création ? Un acte d'écriture ?
Ces questions, aussi vieille que la littérature, nous les avons adressées à un panel de lecteurs qui, réunis dans ce dossier, reflètent à eux tous les chaînons multiples qui façonnent le destin d'un livre. Nous avons interrogé des écrivains, des éditeurs, des correcteurs, des attachés de presse, des libraires, des journalistes, des critiques littéraires, des jurés de prix, des professeurs de français, des blogueurs ou encore des lycéens.
À travers cette démarche, le numéro 75 de La Règle du jeu entend dépasser les habituels refrains sur le « déclin de la lecture » pour refléter, aussi fidèlement que possible, la trajectoire complexe qui est celle des livres.
Mais aussi :
Un dossier-spécial consacré à l'élection présidentielle : « Quelles sont les nouvelles formes du populisme et comment les combattre ? ».
Micro-dossier : « Les crypto-monnaies : mirage ou révolution ? ».
Micro-dossier : « Le monde de la nuit vu par un photographe ».
Un entretien avec Joseph Cohen et Raphaël Zagury-Orly à propos de l'antisémitisme de Heidegger.
L'anti-interview de Bernard Pivot, à propos de la littérature contemporaine.
Un poème de l'écrivain Jean-Noël Orengo sur la Thaïlande.
Le coup d'Etat effectué par Freud pour faire croire qu'il avait, seul, inventé la psychanalyse, a réussi. Il n'a d'ailleurs reculé devant rien pour que les choses en aillent ainsi... Il est parvenu à effacer le rôle du formidable intellectuel collectif qui, avec lui, mais aussi sans lui, malgré lui, voire contre lui, a inventé la discipline. Toute la psychanalyse non-freudienne a été vilipendée, salie, attaquée par Freud et les siens - sa fille Anna en première ligne.
Or, il existe une psychanalyse de gauche qui récuse le schéma idéaliste freudien d'un inconscient psychique pensé comme un ectoplasme transmis de façon mystérieuse d'homme en homme depuis la période glaciaire. Cette psychanalyse de gauche pense l'inconscient comme un produit de l'histoire et des conditions d'existence concrètes des individus : l'inconscient des ouvriers, des pauvres, des employés, des chômeurs que Freud refuse de soigner, sous prétexte qu'ils jouissent du «bénéfice de la maladie», n'a pas grand-chose à voir avec l'inconscient de la riche bourgeoisie oisive qui se précipite chez Freud.
Dans sa courte vie de libertin drogué, fantasque et suicidaire, Otto Gross invente la formule de la psychanalyse de gauche dans le lignage du nietzschéisme. Wilhelm Reich lui fournit son arsenal conceptuel et constitue le freudo-marxisme qui, bien sûr, donne de Freud l'image d'un libérateur du sexe et d'un libéral progressiste, alors qu'il fut un défenseur de l'ordre sexuel patriarcal et un compagnon de route des fascismes européens. Eric Fromm, exilé aux Etats-Unis, refonde la psychanalyse en regard des échecs du freudisme : si le divan freudien ne soigne ni ne guérit, ça n'est pas la faute du patient qui résiste, comme l'affirme Freud, mais de la doctrine qui est fautive. En anti-Lacan résolu par son refus de l'obscurantisme, de l'histrionisme, de l'opportunisme et du sectarisme, Fromm propose une psychanalyse concrète plus soucieuse des patients que de la défense du patrimoine doctrinaire freudien.
Ce sixième volume de la contre-histoire de la philosophie propose de « se changer » et de résister à la massification de l'époque par la construction d'une subjectivité forte revendiquée comme telle. henry david thoreau montre que la nature peut et doit nous donner des leçons : contre la technique, la modernité, le journalisme, la société de consommation, la ville, la banque, l'industrie, le philosophe propose l'amour d'un lac, walden, la marche, la solitude, la vie simple, la frugalité existentielle, l'écologie technophobe, la rébellion libertaire, la construction de sa maison, l'autosubsistance sous toutes ses formes. il donne ses modèles : le bûcheron, l'indien, le sauvage. arthur schopenhauer formule la philosophie pessimiste la plus achevée, mais vit selon les principes d'un épicurisme théorisé dans l'art du bonheur, un ouvrage qui permet de découvrir un penseur théoriquement noir, certes, mais pratiquement amoureux de la vie qu'il traverse en... hédoniste ! enfin, dans l'unique et sa propriété, max stirner pose les bases d'un homme post-chrétien tout à l'affirmation de sa puissance qui donnera des idées à un certain frédéric nietzsche... ces trois penseurs radicaux proposent de nouvelles possibilités d'existence. thoreau écrivait : « il existe de nos jours des professeurs de philosophie, mais de philosophes, point. » cette contre-histoire n'est pas un plaidoyer destiné à augmenter le nombre de professeurs, mais à mener - enfin - une vie philosophique.
« Scandale pour les juifs ; folie pour les grecs » : voilà comment Saint Paul désignait le christianisme. Contre la loi des juifs et la raison des philosophes, il entendait plaider en faveur du salut par une « foi », plus forte que la mort. Comment expliquer que ce scandale et cette folie aient pu se développer, gagner et finalement s'imposer dans l'empire romain à partir de constantin ? comment le christianisme a-t-il fait pour passer du statut de secte à celui de civilisation ? Luc Ferry et Lucien Jerphagnon unissent ici leurs forces et leurs compétences pour tenter de répondre à ces questions cruciales. Ils identifient ainsi les sources et la teneur originelle d'un héritage indispensable pour qui veut comprendre non seulement les racines mais aussi la nouveauté de la culture contemporaine.
Quand les philosophes pensent, ils oublient, le plus souvent, de penser à leur corps et surtout à ce qu'ils y accumulent lorsqu'ils mangent. pourtant, entre la pensée et la panse, il existe un réseau complexe d'affinités et d'aveux que la réflexion aurait tort de négliger : diogène aurait-il été cet adversaire de la civilisation et de ses usages sans son goût pour le poulpe cru ? le rousseau du {contrat social} aurait-il fait l'apologie de la frugalité si ses menus ordinaires ne s'étaient composés que de laitages ? sartre lui-même, dont les cauchemars sont emplis de crabes, n'a-t-il pas, sa vie durant, payé - dans l'ordre de la théorie - son aversion pour les crustacés ? dans cet essai résolument nietzschéen, michel onfray a donc choisi de redonner une dignité philosophique au cabillaud, au potage à l'orge, au vin, à l'andouillette, au café aromatisé ou à l'eau de cologne qui sont - de fourier à marinetti, et de kant aux existentialistes - les chemins improbables du gai savoir. critique de la raison diététique ? ebauche d'une "diététhique" ? il s'agira d'abord, dans ce livre, de surprendre l'instant, et l'aliment, à partir duquel le corps rattrape l'esprit et lui dicte sa loi.