Voici le tome 7 du Journal, l'avant-dernier, qui couvre les années 1937 et 1938. Comme dans les précédents, deux voix, en réalité, vont se faire entendre : celle de l'écrivain qui affronte la création littéraire à bras-le-corps et celle de la femme, de plus en plus lasse, fragile, hantée par ses démonsà Dès le début, le ton est donné : "Il va falloir que je me plonge dans Trois Guinées, de manière à ce que les autres voix ne me parviennent qu'à peine. Seul le travail peut m'aider." Virginia Woolf vient d'avoir cinquante-cinq ans et elle tente de se persuader qu'elle a, selon ses propres mots, "franchi un seuil, rejeté un manteauà pénétré dans une zone de calme d'un bleu profond où l'on pourrait vivre les yeux grand ouverts". Son dernier ouvrage, Années, remporte un grand succès, ce qui l'émerveille et elle se réjouit, comme une débutante de la relative aisance financière que cela va lui apporter. Elle s'achète une robe, un chapeau, avec une satisfaction presque enfantine. En compagnie de Leonard, son mari, elle fait un petit voyage en France, visite la Dordogne, Souillac, Rodez, où ils couchent dans le "meilleur hôtel du monde".
Mais elle n'oublie pas le monde qui l'environne et est lucide sur les événements qui bouleversent l'Europe.
Le 12 mars 1938, Hitler envahit l'Autriche. L'embrasement général est proche et l'angoisse replonge Virginia dans ce qu'elle appelle douloureusement "son monde souterrain".
Elle a commencé à écrire son dernier roman, Entre les actes, mais la "rage et le ravissement", qu'elle éprouvait naguère ne sont plus là. Elle se sent de plus en plus vulnérable, même si elle aime encore rire, plaisanter, jouer aux boules avec ses amis. Bientôt va se briser, nous le savons, dans à peine plus de deux ans, de toutes les voix du siècle une des plus humaines, des plus intérieures
Décès :28-3-1941
(Mort il y a 82 ans à l'âge de 59 ans)
Pays : Royaume Uni
Langue : Anglais
Virginia Woolf est née en 1882. Mariée à l'économiste Leonard Woolf, elle a fondé avec lui la maison d'édition Hogarth Press. Ses romans et ses articles ont fait d'elle l'une des figures les plus importantes de la littérature de l'entre-deux-guerres. Sujette à des crises nerveuses fréquentes et craignant de perdre la raison, elle mit fin à ses jours en 1941. Elle était membre du Bloomsbury Group, un groupe d'artistes auquel appartenaient E.M. Forster et J.M. Keynes.