Le discours de la servitude volontaire (préface Arlette Jouanna, seconde préface André Pessel et Francine Markovits)

À propos

Penseur météorique, auteur d'une hypothèse aussi subversive que scandaleuse, La Boétie est âgé de dix-huit ans lorsqu'il rédige, en 1546, la première version d'un texte que son ami Montaigne intitulera Discours de la servitude volontaire et auquel les calvinistes donneront le titre régicide de Contre Un. L'hypothèse de la « servitude volontaire » n'interroge plus la domination comme une relation duelle verticale, s'exerçant pour ainsi dire de haut en bas, mais comme un « vice monstrueux » procédant du consentement et de la contribution active des dominés à leur servitude.
La bascule du haut en bas, le renversement des perspectives, la révolution « horizontale » de la théorie classique de la domination font de La Boétie un penseur politique pionnier, qui atteint toutes les formes de l'autodomestication, de l'autocontrôle, de l'intimisation de la conscience, de l'hétéronomie de la psyché, avant même que Freud ne les cerne au XXe siècle à partir de la pulsion de mort. Aussi le Discours de la servitude volontaire fait-il résonner un grand nombre des questions politiques qui inquiètent notre contemporanéité. La servitude mise au coeur de la psyché humaine vise, en effet, une complication du désir difficile à penser - nous pourrions vouloir désirer la servitude, nous pourrions vivre la liberté comme une inquiétude majeure et la servitude comme une quiétude apaisante.
Mais au revers de ce vouloir servile, au revers de ce désir saisi par l'angoisse de vivre la pluralité de la vie, c'est-à-dire fasciné par l'identification au nom d'Un, La Boétie ouvre la possibilité jumelle de servir ou de résister : nous pourrions ne pas vouloir désirer la servitude ; le désir s'affranchirait de la servitude sous l'effet de ce nepas- vouloir. Ce ne-pas-vouloir implique toutefois que le désir quitte les liens d'unité (l'Un) pour (re)venir à la vie par l'union, à la relation proprement politique des « tous uns ». Il y a donc à penser une dialectique politique de l'émancipation où la capture du désir par le nom d'Un est défaite peu à peu dans le tissage de relations d'entreconnaissance capables de rendre à la vie politique sa pluralité constitutive.
L'effacement total des références aux circonstances réelles qui ont accompagné la genèse du Discours de la servitude volontaire explique son adaptabilité à des situations historiques très diverses et donne ainsi aujourd'hui un immense retentissement à la question que le Discours pose à chacun de ses lecteurs : « Et toi pourquoi obéis-tu ? »


Sommaire

Préfaces:
- Arlette Jouanna, « Liberté et obéissance ».
- André Pessel et Francine Markovits, « L'ouvroir de la tyrannie ».
Discours sur la servitude volontaire.
Postfaces.
- James C. Scott, « Beaucoup de résistance demande d'imiter la servitude volontaire. À l'évidence vous savez cela, Étienne ! ».
- Pascal Quignard, « La lettre sur La Boétie. Sur la dépendance passionnelle de l'âme à sa parole ».
- Miguel Abensour, « Notes inédites sur La Boétie », « Spinoza et l'épineuse question de la servitude volontaire » et « Du bon usage de la servitude volontaire.

Rayons : Sciences humaines & sociales > Sciences politiques & Politique > Philosophie politique


  • Auteur(s)

    Etienne de La Boétie

  • Éditeur

    Klincksieck

  • Distributeur

    Belles Lettres

  • Date de parution

    16/09/2022

  • Collection

    Critique De La Politique

  • EAN

    9782252046531

  • Disponibilité

    Disponible

  • Nombre de pages

    320 Pages

  • Longueur

    22.5 cm

  • Largeur

    14 cm

  • Épaisseur

    1.8 cm

  • Poids

    322 g

  • Support principal

    Grand format

Infos supplémentaires : Broché  

Etienne de La Boétie

  • Naissance : 1-1-1530
  • Décès :1-1-1563 (Mort il y a 460 ans à l'âge de 33 ans)

Étienne de La Boétie est un écrivain et poète français, né le 1er novembre 1530 à Sarlat et mort le 18 août 1563 à Germignan (près de Bordeaux). Il est rendu célèbre principalement pour son Discours de la servitude volontaire, texte majeur de la philosophie politique, repris à travers les âges. Lorsqu'il écrit ce texte, vers 1548, il n'est encore qu'un étudiant en droit âgé de 18 ans, se préparant à une carrière dans la magistrature, à l'université d'Orléans,. Il obtient sa licence de droit le 23 septembre 1553 et, grâce à sa réputation acquise au cours de ses études, il est élevé à l'office de Conseiller à la cour, par lettre patente (décret) d'Henri II, le 13 octobre 1553. Le 17 mai 1554, il est admis en qualité de Conseiller au Parlement de Bordeaux (deux ans avant l'âge légal). À partir de 1560, il est chargé par Michel de L'Hospital, d'intervenir dans diverses négociations pour parvenir à la paix dans les guerres de religion opposant Catholiques et Protestants. Son manuscrit sera publié pour la première fois en 1576, et surprend par son érudition et sa profondeur philosophique et politique, si bien que Montaigne, bouleversé par ce texte, cherche à en connaître son auteur. De sa rencontre avec La Boétie, naît une profonde amitié qui va durer jusqu'à la mort de ce dernier.

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